Scout toujours ? Prêt ! Servir. Boyscout. Éclaireurs. Baden-Powell. Nature. Gérard Jugnot…Chez les uns, le scoutisme est le souvenir d’une enfance révolue. Chez d’autres, il anime un désir d’y faire participer ses enfants. Et pourquoi pas les deux ?
Le scoutisme peut aussi demeurer, pour quelques-uns, une notion parfaitement inconnue…
Comment s’organise un groupe scout ?
Les scouts de Kuala Lumpur sont, comme la plupart des mouvements scouts, divisés en deux branches.
- L’enfant débutant arrive chez les louveteaux/louvettes vers l’âge de 8 ans ; la pédagogie de cette branche s’appuie sur le roman bien connu de Rudyard Kipling : Le Livre de la Jungle. L’épopée de Mowgli parle aux jeunes de cette tranche d’âge : qui n’a pas vu le dessin animé éponyme adapté de Walt Disney ? Et puis, quoi de plus adéquat dans le pays où nous vivons que d’avoir affaire à l’indomptable tigre Shere-Khan, à l’intrépide serpent Kaa ou à l’ours éducateur Baloo ? L’histoire de Kipling crée le cadre de vie et de progression des loups (comprendre : louveteaux et louvettes !). Akela demeure le chef, le groupe vit en meute ; chaque loup est invité à croître en sagesse et en âge par la formation vertueuse de l’expérimenté (vieux loup) qui partage ses connaissances avec le débutant (patte tendre).
Les loups vivent au gré des péripéties de Mowgli, tiraillé entre le monde des hommes et celui de la jungle, entre un monde paisible entouré de ses amis (Akela, Raksha, Baloo, Bagheera, Kaa, etc.) et le monde hostile des ennemis de jungle (les singes Bandarlogs, Tabaqui le Chien-Rouge ou Shere-Khan, etc.).
Chaque jeune se voit remettre un Passeport Jungle, un livret recensant toutes les épreuves de progression que le loup s’empresse de préparer une à une, avec l’aide d’Akela. Il va de soi que le loup cherche à les valider ; certaines d’entre elles consistant simplement à aider un autre loup sur tel ou tel point.
Les nombreuses phrases de sagesse de jungle, tirées de Kipling, inspirent les jeunes et sont souvent l’objet de jeux pour se les approprier :
« Cœur brave et langue courtoise te conduiront loin dans la Jungle, petit… » ou bien encore « La force du loup, c’est le clan, et la force du clan, c’est le loup ».
Si nous devions résumer en une phrase ce qu’est le louvetisme : apprendre et s’épanouir par le jeu et la proximité de la nature !
- Après ses douze ans, le jeune monte aux scouts (scouts, éclaireurs ou guides : le nom varie selon les mouvements). Divisés en patrouilles non mixtes, groupes de sept jeunes guidés par le plus expérimenté, les jeunes mènent avec autonomie leurs activités. Encadrés malgré tout par des chefs, ils organisent leurs activités, leur intendance, leur progression, leurs camps. Chaque jeune prend son rôle très à cœur (secouriste, bout-en-train, matérialiste, économe, intendant, reporter, etc.) pour le bon fonctionnement et l’équilibre de la patrouille.
« Servir » et « Toujours prêt » demeurent les devises du scout.
Servir qui ? Toujours prêt à quoi ? Le scout se doit d’être toujours prêt à servir.
Servir son prochain signifie servir son frère scout, sa famille, ses amis, ses parents, son pays et Dieu. Le scout est toujours prêt à cela chaque jour, et pour toujours. Il appartient à la grande fraternité scoute (tous mouvements confondus) au-delà des frontières, des langues, des coutumes et des cultures ! Les trois vertus de franchise, dévouement et pureté (cf. Salut scout) complètent agréablement le profil du scout qui cherche à vivre selon ces vertus et ces devises, et à devenir un homme ou une femme accompli dans un monde qui change.
Et qu’en est-il à Kuala Lumpur ?
Le groupe des Scouts de Kuala Lumpur est rattaché à la Communauté Catholique Francophone et compte une trentaine de louveteaux / louvettes et une dizaine de scouts et guides. Le groupe se rencontre une fois par mois, le dimanche. La pédagogie est inspirée de celle des Scouts Unitaires de France, avec bien sûr des adaptations liées à notre localisation. Pour la branche louveteaux comme pour la branche scoute, l’accent est mis à chaque étape sur la progression du jeune (technique, physique ou spirituelle).
Les plus jeunes sont donc menés par Akela, chef permanent, aidé par des parents qui s’engagent à encadrer chaque activité. Ce sont ainsi cinq adultes qui emmènent les loups dans différents parcs de KL, sites naturels, lieux de camp, à la découverte de la nature. Chaque journée a son déroulé précis mêlant grands jeux, chants, jeu de piste, instructions, parcours du combattant ou olympiades, apprentissage des techniques scoutes (feu, froissartage, nœuds), prière, etc.
Les scouts et guides partent davantage à l’aventure ; ils sont conduits par deux jeunes chevronnés dont l’expérience permet une émulation et un scoutisme vrai et harmonieux, ainsi que par deux papas qui préparent les activités en amont. Celles-ci varient et peuvent mettre en exergue leurs capacités sportives, leurs connaissances en technique scoute ou leurs capacités à rendre service. Ici, les idées ne manquent pas pour que l’année scoute soit ponctuée d’activités variées tout en permettant aux jeunes un dépassement de soi !
La prière scoute illustre parfaitement cet équilibre, ici, en Malaisie :
- Apprendre à être généreux, lorsqu’on anime une journée pour les écoliers birmans réfugiés ou des personnes handicapées ;
- Donner sans compter, lorsqu’on peint chaque année, une journée durant, des locaux d’une maison pour défavorisés ; ou déblaye des chemins anglais de jungle à la machette ;
- Combattre sans souci des blessures, lorsqu’on marche, escalade ou grimpe 7 heures pour atteindre un somptueux point de vue ; que l’on crapahute en jungle pour apprendre le froissartage à travers la fabrication de paniers tressés, de brancards de secours, d’abris de fortune en feuilles tressées ;
- Travailler sans chercher le repos, lorsqu’on prend une matinée à s’occuper des louveteaux et louvettes en quête de savoir-faire de « grands » ; ou que l’on se forme au secourisme pour former ensuite les suivants.
Mais que seraient les scouts de KL sans leur camp annuel qui couronne une année déjà si riche ? Ces trois jours tant attendus par les jeunes… et par les parents encadrants (!) sont en effet une occasion de vivre ensemble des temps forts de vie en communauté, de veillées animées au coin du feu, de repas cuisinés au feu de bois, d’apprentissage du campisme. Ce sont autant de souvenirs indélébiles marqués dans le cœur de tous ; et il est indéniable que les chefs reçoivent autant qu’ils transmettent !
Au-delà de l’uniforme qui crée l’identité, de l’amour de la nature indispensable, du service aux autres si salutaire dans le monde d’aujourd’hui, le scoutisme est une école de vie, un engagement.
Scout un jour, scout toujours !
L’éducation des jeunes par les jeunes était une idée innovante à la création du scoutisme ; elle plaît toujours autant aujourd’hui et responsabilise notre jeunesse.
Laissons libre court à la méditation à travers les mots merveilleux de notre modèle, Robert Baden-Powell (1857-1941) :
« J’ai eu une vie très heureuse et je souhaite à chacun de pouvoir en dire autant. Je crois que Dieu vous a placé dans ce monde pour y être heureux et jouir de la vie. Ce n’est ni la richesse, ni le succès, ni le laisser-aller qui créent le bonheur. L’étude de la nature vous apprendra que Dieu a créé des choses belles et merveilleuses afin que vous en jouissiez. Contentez-vous de ce que vous avez et faites-en le meilleur usage possible. Regardez le beau côté des choses et non le plus sombre. Essayez de laisser ce monde un peu meilleur qu’il ne l’était quand vous y êtes venus et quand l’heure de la mort approchera, vous pourrez mourir heureux en pensant que vous n’avez pas perdu votre temps et que vous avez fait “de votre mieux”. »